Nouveauté cet été : un piano-forte

 

   Le Pleyel n° 1619 fabriqué en 1830, fait partie de la première série de pianos à queue de la maison Pleyel, série conçue dans les années 1825 par Camille, fils d’Ignace Pleyel, fondateur, en 1807 de la firme qui porte son nom. La fabrication de ce modèle s’est étendue approximativement entre 1828 et 1833. Environ 180 unités ont été fabriquées.


D’une longueur de 2,42 mètres, ce piano de concert, modèle prestigieux, sommet de la facture française, préfigure ce que seront les grands pianos romantiques de la deuxième moitié du 19ème siècle.


Instrument de transition, il présente la persistance de nombreux archaïsmes, qui constituent son originalité et aujourd’hui tout son intérêt historique et organologique. Piano à cylindre, (couvercle de clavier s’escamotant complètement derrière la barre d’adresse), il est doté d’une ébénisterie éblouissante dont la marqueterie à frises, le piétement et le pupitre sont en courbaril, essence brésilienne précieuse.
D’une étendue de six octaves et demie de Do à Fa, il permet de jouer le répertoire contemporain de la Monarchie de juillet.


Les cordes, montées en parallèle, sont pointées sur la périphérie de la caisse, à la manière d’un clavecin ou d’un piano forte. L’instrument est dépourvu de cadre métallique ; cependant le barrage de caisse longitudinal situé sous la table d’harmonie, est composé de barres de métal. Un sommier prolongé métallique est également installé dans la partie aigüe du plan de cordage.


La mécanique, dite « à l’Anglaise », à simple échappement, adoptée puis adulée par Chopin à son arrivée à Paris en 1831, est équipée de marteaux garnis de peaux, miraculeusement préservées ici, assurant un contact moelleux avec les cordes, en lieu et place de garnitures en feutre universellement adoptées depuis les années 1850 ou par d’autres facteurs de pianos (Erard, Pape).


La totalité des composants de l’instrument (chevilles d’accord plates, cordes, mécanique, clavier, sommier, fausse table d’harmonie etc.), sont d’origine, ce qui a justifié sa demande de protection au titre des monuments historiques puis sa restauration en 2015.
Le piano a été classé en mai 2012.

Source : Michel Chaillan, son propriétaire.