Richard Galliano

AccordÉon

Né à Cannes le 12 décembre 1950, Richard Galliano apprend d'abord le piano et l'accordéon avec son père, Lucien Galliano et poursuit au Conservatoire de Nice avec Claude Noël qui lui fait découvrir l'accordéon jazz et des accordéonistes comme Sivuca, Tony Murena et Art Van Damme. Il décroche un premier prix d'excellence en contrepoint, harmonie et trombone à coulisse en 1969.

Rebuté d'emblée par la connotation  populiste de l'accordéon musette, il participe à des concours internationaux en interprétant Bach, Tchaïkovski, Ravel ou Debussy et obtient le premier prix au Trophée mondial à Valencia (1966) et à Calais (1967) ainsi que le premier Prix du Président de la République, Charles De Gaulle, en 1968.

En 1973, il quitte le sud de la France pour s'installer à Paris où il collabore pendant quelques années avec Claude Nougaro (dont il devient directeur musical), Barbara, Serge Reggiani ou encore Dick Annegarn. Il est également actif au trombone comme musicien de studio et comme arrangeur. En 1985, Astor Piazzolla l'invite en tant que premier bandonéon solo à la Comédie-Française dans le Songe d'une nuit d'été de William Shakespeare dont l'Argentin a écrit la musique avec une mise en scène de Jorge Lavelli. L'amitié qui lie les deux musiciens durera jusqu'à la mort de Piazzolla en 1992 et c'est le conseil de celui-ci qui sera déterminant pour l'orientation musicale de Galliano : « Vous devez faire avec le musette ce que j'ai fait avec le tango (Tango nuevo) et créer le « new musette ».

Après s'être de son propre aveu « barricadé » derrière l'électronique à cause de son complexe par rapport à l'accordéon musette, comme en témoignent les albums Blue Rondo à la Turk (1980) avec le violoncelliste Jean-Charles Capon et le vibraphoniste et percussionniste Gilles Perrin, Salsamba avec des musiciens américains et le légendaire Chet Baker à la trompette, Spleen en 1986 avec un quintette latino, Blues sur Seine (1986) et Panamanhattan avec le contrebassiste Ron Carter, qui laissaient déjà entrevoir les contours du talent unique de Richard Galliano, c'est New Musette en 1991, pour le Label Bleu, avec Philip Catherine (guitare), Pierre Michelot (contrebasse) et Aldo Romano (batterie) qui va véritablement révéler sa personnalité musicale.

Non seulement, il introduit l'improvisation dans l'accordéon musette qui ne comportait que des variations mais il y fait preuve d'une technique instrumentale qui transcende la simple virtuosité et qu'il met au service d'une créativité constante et d'un lyrisme à toute épreuve sans compter la splendeur révélée de compositions telles que « Valse à Margaux ».

En 1993, il se voit décerner le Prix Django Reinhardt par l'Académie du jazz français qui récompense le meilleur musicien jazz de l'année. Francis Dreyfus, producteur du plus prestigieux label de jazz européen avouera qu'il détestait l'accordéon mais qu'en entendant Galliano, il a non seulement découvert un musicien mais aussi un instrument. C'est pour Dreyfus Jazz qu'il enregistre une impressionnante série d'albums en variant la formule et en enrichissant à chaque fois le répertoire de compositions magistrales : citons Viaggio avec Birelli Lagrène (guitare), Pierre Michelot (contrebasse) et Charles Bellonzi (batterie) - meilleur album de l'année 1993.

Suivra Laurita  en 1995 avec Joey Baron (batterie), Pale Danielson (contrebasse) et des invités prestigieux comme Toots Thielemans (harmonica), Didier Lockwood (violon) et Michel Portal (clarinette).

En 1996, New York Tango (générique de la série TV P.J.) enregistré à New York avec Al Foster (batterie) Georges Mraz (contrebasse), Bireli Lagrène (guitare) décroche une Victoire de la musique. En 1997, Blow Up, duo avec Michel Portal (clarinette, clarinette basse et bandonéon se vend à près de 100 000 exemplaires et obtient aussi une Victoire de la musique ainsi que le Prix Boris Vian de l'Académie du jazz et celui du meilleur album international Musica Jazz. Le duo se produit dans de nombreux concerts et festivals.
1998 est l'année de French Touch avec Jean François Jenny Clark (contrebasse) Daniel Humair et André Cecarrelli (batterie), Michel Portal (saxophone), Rémi Vignolo (contrebasse), Jean Marie Ecay (guitare) avec « Fou rire » une autre composition magistrale du répertoire new musette. Après plus de cinq ans de tournées avec le trio Jenny Clark-Humair, French Touch qui voit le jour trois mois avant le décès de Jean-François Jenny Clark, est nominé aux Victoires de la musique et également sacré Meilleur album international Musica Jazz 1998.
En 1999, Passatori est enregistré à Florence avec les solistes de l'Orchestre de Toscane : Strings Chamber Orchestra et Stefano Bollani au piano. Il contient des oeuvres concertantes de Richard Galliano « Opale Concerto pour accordéon et orchestre » et d'Astor Piazzolla « Concerto pour bandonéon » et est également nominé aux Victoires de la musique.

Toujours en 1999, paraît Concerts Inédits, un exceptionnel coffret de trois disques : Richard Galliano Solo à l' Umbria Jazz Orvieto (31/12/1998), Duo avec Michel Portal à Hambourg (29/10/1998) et Trio avec D. Humair et J.F. Jenny Clark au Festival de Montreux (10/07/1998).

En 2001, Dreyfus Jazz peut déjà publier la compilation Gallianissimo mais également un étonnant duo avec l'organiste Eddy Louiss : Face To Face, nominé aux Victoires de la musique et Django d'or. 2003 voit paraître Piazzolla Forever : dix ans après la disparition d'Astor Piazzolla, un concert en hommage à ce dernier est enregistré en direct deux-pistes au Festival de Willisau (29/08/2002). Un septette avec des musiciens classiques qui aura la particularité de se produire tant dans les festivals de jazz que dans les salles classiques : Festival de Jazz de Nice, Concertgebouw d'Amsterdam, Montreux Jazz Festival ou le Théâtre des Champs-Elysées à Paris.

En 2005 , c'est Ruby My Dear (titre d'une composition de Thelonious Monk). Richard Galliano forme le New York Trio et revisite des standards du jazz en compagnie de Clarence Penn (batterie) et Larry Grenadier (contrebasse). Outre de nouvelles compositions, c'est probablement l'album qui contient le plus de références directes au jazz. La même année, l'accordéoniste compose et enregistre les Trois Danses pour Trompette, Accordéon et Orchestre pour Thierry Caens et l'Orchestre National de Lyon dirigé par Michel Plasson.

En février 2006, le DVD Piazzolla Forever est enregistré à Paris, aux Bouffes du Nord et filmé par Frank Cassenti. Le mois suivant, Richard Galliano joue en quartette avec le monumental vibraphoniste américain Gary Burton (une première mondiale à la Cité de la Musique à Paris), et en novembre 2006 Solo sort chez Milan (une réédition du premier volume du coffret Concerts Inédits). Puis c'est au tour du Tangaria Quartet, avec Alexis Gardenas (violon), Hamilton de Holanda (mandoline), Rafaël Meijas et Amoy Ribas (percussions), Philippe Aerts (contrebasse), enregistré en public au festival de Marciac au mois d'août. Ce concert mémorable existe également en DVD.

En septembre 2006, ce même quartette enregistre Luz Negra à Sao Paulo (paru en février 2007). Au printemps 2007 parait If You Love Me, le titre anglais du célèbre « Hymne à l'amour » immortalisé par Edith Piaf (dont la version donnée ici est somptueuse) enregistré à New York fin août 2006 avec Gary Burton (vibraphone), Clarence Penn (batterie) et George Mraz (contrebasse).

Enfin, Love Day sort en septembre 2008 chez Milan avec Gonzalo Rubalcaba (piano), Charlie Haden (contrebasse) et Mino Cinelu (batterie, percussions) ainsi que Ten Years Ago (novembre) avec le Brussels Jazz Orchestra, sans doute le meilleur orchestre européen du genre et un des meilleurs au monde. En 2010, le virtuose de l'accordéon fait son entrée sur le prestigieux label Deutsche Grammophon pour lequel il enregistre un récital Bach, suivi d'un hommage au compositeur de musiques de films Nino Rota (La Dolce Vita, La Strada, Le Parrain...) en octobre 2011. L'année suivante placée sous le signe d'Astor Piazzolla est pour l'accordéoniste l'occasion de lui rendre un vibrant et vivant hommage dans Tango Live Forever (avril 2012), capté en direct de l'Université de Poznan (Pologne) avec le Sinfonia Baltica.

En mars 2013 vient le tour des Quatre saisons de Vivaldi avec le même quintette que pour l'album Bach : Jean-Marc Philips-Varjabédian, Sébastien Surel, Eric Levionnois, Stéphane Logerot et Jean-Marc Apap. Un troisième volume classique, consacré à Mozart, paraît en 2016. Entre temps, parallèlement à la Coupe du monde de football sort en 2014 Richard Galliano au Brésil, un CD et DVD célébrant le répertoire du cru avec les accordéonistes Dominguinhos, Pinto do Acordeon, Aleijadinho de Pombal, le guitariste et chanteur Chico César, le trio Os Très do Nordeste et le Trio Tamandual. L'année suivante voit l'accordéoniste revenir à ses premières amours swing dans l'album concocté avec le guitariste Sylvain Luc, Rencontres, double hommage à Gus Viseur et aux chansons d'Édith Piaf.

Déjà en août 2002, la revue américaine Downbeat l'avait classé premier dans son référendum international, catégorie « tous instruments » et en effet l'immense talent de Richard Galliano dépasse le cadre de l' instrument qu'on a appelé le « piano du pauvre » et auquel il a rendu toute sa noblesse. Il est simplement une figure de proue de la musique d'aujourd'hui, toutes catégories confondues.